Toute personne qui ressent à un degré quelconque l'influence des Esprits est, par cela même, médium. Cette
faculté est inhérente à l'homme, et par conséquent n'est point un privilège exclusif ; aussi en est-il peu chez
lesquels on n'en trouve quelques rudiments. On peut donc dire que tout le monde, à peu de chose près, est médium.
Toutefois, dans l'usage, cette qualification ne s'applique qu'à ceux chez lesquels la faculté médianimique est
nettement caractérisée, et se traduit par des effets patents d'une certaine intensité, ce qui dépend alors d'une
organisation plus ou moins sensitive. Il est, en outre, à remarquer que cette faculté ne se révèle pas chez tous
de la même manière ; les médiums ont généralement une aptitude spéciale pour tel ou tel ordre de phénomènes, ce
qui en fait autant de variétés qu'il y a de sortes de manifestations. Les principales sont : les médiums à effets
physiques ; les médiums sensitifs ou impressibles ; auditifs ; parlants ; voyants ; somnambules ; guérisseurs ;
pneumatographes ; écrivains ou psychographes.
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On peut diviser les médiums en 2 grandes classes :
Les Médiums à effets physiques :
Ceux qui ont le pouvoir
de provoquer des effets matériels ou des manifestations ostensibles. Cette catégorie de médiums est elle-même composée des
"Médiums facultatifs" et des "Médiums involontaires".
Les Médiums à effets intellectuels:
ceux qui sont plus spécialement propres à recevoir et à transmettre les communications intelligentes.
Toutes les autres variétés se rattachent plus ou moins directement à l'une ou à l'autre de ces deux catégories ; quelques-unes tiennent aux deux. Si l'on analyse les différents phénomènes produits sous l'influence médianimique, on verra que, dans tous, il y a un effet physique, et qu'aux effets physiques se joint le plus souvent un effet intelligent. La limite entre les deux est quelquefois difficile à établir, mais cela ne tire à aucune conséquence. Nous comprenons sous la dénomination de médiums à effets intellectuels ceux qui peuvent plus spécialement servir d'intermédiaires pour les communications régulières et suivies.
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Médium facultatif ou volontaire :
Les médiums facultatifs sont ceux
qui ont la conscience de leur pouvoir et qui produisent des phénomènes spirites par l'acte de leur volonté.
Cette faculté, bien qu'inhérente à l'espèce humaine, comme nous l'avons déjà dit, est loin d'exister chez
tous au même degré ; mais s'il est peu de personnes chez lesquelles elle soit absolument nulle, celles qui
sont aptes à produire les grands effets, tels que la suspension des corps graves dans l'espace, la translation
aérienne et surtout les apparitions, sont plus rares encore. Les effets les plus simples sont ceux de la
rotation d'un objet, des coups frappés par le soulèvement de cet objet ou dans sa substance même. Sans
attacher une importance capitale à ces phénomènes, nous engageons à ne pas les négliger ; ils peuvent donner
lieu à des observations intéressantes et aider à la conviction. Mais il est à remarquer que la faculté de
produire des effets matériels existe rarement chez ceux qui ont des moyens plus parfaits de communication,
comme l'écriture ou la parole. Généralement la faculté diminue dans un sens à mesure qu'elle se développe
dans un autre.
Médium involontaire :
Les médiums involontaires ou
naturels ou
inconscients sont ceux dont l'influence s'exerce à leur insu. Ils n'ont aucune conscience de leur pouvoir, et
souvent ce qui se passe d'anormal autour d'eux ne leur semble nullement extraordinaire ; cela fait partie
d'eux-mêmes, absolument comme les personnes douées de la seconde vue et qui ne s'en doutent pas. Ces sujets
sont très dignes d'observation, et l'on ne doit pas négliger de recueillir et d'étudier les faits de ce genre
qui peuvent venir à notre connaissance ; ils se manifestent à tout âge, et souvent chez de très jeunes enfants.
Cette faculté n'est point, par elle-même, l'indice d'un état pathologique, car elle n'est pas incompatible
avec une santé parfaite. Si celui qui la possède est souffrant, cela tient à une cause étrangère ; aussi les
moyens thérapeutiques sont-ils impuissants pour la faire cesser. Elle peut, dans certains cas, être consécutive
d'une certaine faiblesse organique, mais elle n'est jamais cause efficiente. On ne saurait donc raisonnablement
en concevoir aucune inquiétude au point de vue hygiénique ; elle ne pourrait avoir d'inconvénient que si le sujet,
devenu médium facultatif, en faisait un usage abusif, parce qu'alors il y aurait chez lui émission trop abondante
de fluide vital, et, par suite, affaiblissement des organes.
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Médiums physiques : Liste et description.
Médiums typteurs :
Ceux par l'influence desquels se produisent les bruits et les coups frappés. Variété très
commune, avec ou sans la volonté.
Médiums moteurs :
Ceux qui produisent le mouvement des corps inertes. Très communs.
Médiums à translations et
à suspensions :
Ceux qui produisent la translation aérienne et la suspension des corps inertes dans l'espace sans point d'appui.
Il en est qui peuvent s'élever eux-mêmes. Plus ou moins rares, selon le développement du phénomène ; très rares dans
le dernier cas.
Médiums à effets musicaux :
Ils provoquent le jeu de certains instruments sans contact. Très rares.
Médiums à apparitions :
Ceux qui peuvent provoquer des apparitions fluidiques ou tangibles, visibles pour les assistants. Très exceptionnels.
Médiums à apports :
Ceux qui peuvent servir d'auxiliaires aux Esprits pour l'apport d'objets matériels. Variété des médiums
moteurs et à translations. Exceptionnels.
Médiums nocturnes :
Ceux qui n'obtiennent certains effets physiques que dans l'obscurité. Voici la réponse d'un Esprit à la
question de savoir si l'on peut considérer ces médiums comme formant une variété.
"On peut certainement en faire une spécialité, mais ce phénomène tient plutôt à des conditions ambiantes
qu'à la nature du médium ou des Esprits ; je dois ajouter que quelques-uns échappent à cette influence
du milieu, et que la plupart des médiums nocturnes pourraient arriver, par l'exercice, à agir aussi bien
à la lumière que dans l'obscurité. Cette variété de médiums est peu nombreuse ; et, il faut bien le dire,
à la faveur de cette condition qui laisse toute liberté dans l'emploi des trucs, de la ventriloquie et des
tuyaux acoustiques, des charlatans ont trop souvent abusé de la crédulité en se faisant passer pour médiums
afin de récolter des écus. Mais qu'importe ? les jongleurs en chambre, comme les jongleurs de place publique,
seront cruellement démasqués, et les Esprits leur prouveront qu'il ne fait pas bon s'immiscer dans leurs
oeuvres. Oui, je le répète, certains charlatans recevront sur les doigts d'une façon assez rude pour les
dégoûter du métier de faux médiums. Du reste, tout cela n'aura qu'un temps."
Médiums pneumatographes :
Ceux qui obtiennent l'écriture directe. Phénomène très rare, et surtout très facile à imiter par la
jonglerie.
Remarque. Les Esprits ont insisté, contre notre opinion, pour placer l'écriture directe parmi les phénomènes
de l'ordre physique, par la raison, ont-ils dit, que : "Les effets intelligents sont ceux pour lesquels
l'Esprit se sert des matériaux cérébraux du médium, ce qui n'est pas le cas dans l'écriture directe ;
l'action du médium est ici toute matérielle, tandis que chez le médium écrivain, même complètement
mécanique, le cerveau joue toujours un rôle actif."
La pneumatographie est l'écriture produite directement par l'Esprit, sans aucun intermédiaire ; elle diffère
de la psychographie en ce que celle-ci est la transmission de la pensée de l'Esprit au moyen de l'écriture par
la main d'un médium.
Le phénomène de l'écriture directe est sans contredit l'un des plus extraordinaires du spiritisme ;
mais, quelque anormal qu'il paraisse au premier abord, c'est aujourd'hui un fait avéré et incontestable. Si la
théorie est nécessaire pour se rendre compte de la possibilité des phénomènes spirites en général, elle l'est
plus encore peut-être dans ce cas, sans contredit, l'un des plus étranges qui se soient encore présentés, mais
qui cesse de paraître surnaturel dès que l'on en comprend le principe.
A la première révélation de ce phénomène, le sentiment dominant a été celui du doute ; l'idée d'une
supercherie est aussitôt venue à la pensée ; en effet, tout le monde connaît l'action des encres dites
sympathiques, dont les traces, d'abord complètement invisibles, apparaissent au bout de quelque temps. Il
se pouvait donc qu'on eût abusé de la crédulité, et nous n'affirmerions pas qu'on ne l'ait jamais fait ;
nous sommes même convaincu que certaines personnes, soit dans un but mercenaire, soit uniquement par
amour-propre et pour faire croire à leur puissance, ont employé des subterfuges.
Mais de ce qu'on peut imiter une chose, il serait absurde de conclure que la chose n'existe pas.
N'a-t-on pas, dans ces derniers temps, trouvé le moyen d'imiter la lucidité somnambulique au point de faire
illusion ? Et de ce que ce procédé d'escamoteur a couru toutes les foires, faut-il conclure qu'il n'y a pas
de vrais somnambules ? Parce que certains marchands vendent du vin frelaté, est-ce une raison pour qu'il
n'y ait pas de vin pur ? Il en est de même de l'écriture directe ; les précautions pour s'assurer de la
réalité du fait étaient d'ailleurs bien simples et bien faciles, et, grâce à ces précautions, il ne peut
aujourd'hui faire l'objet d'aucun doute.
Puisque la possibilité d'écrire sans intermédiaire est un des attributs de l'Esprit, que les
Esprits ont existé de tout temps, et de tout temps aussi ont produit les divers phénomènes que nous
connaissons, ils ont dû également produire l'écriture directe dans l'antiquité aussi bien que de nos
jours ; et c'est ainsi que l'on peut expliquer l'apparition des trois mots dans la salle du festin de
Balthazar. Le moyen âge, si fécond en prodiges occultes, mais qui ont été étouffés sous les bûchers,
a dû connaître aussi l'écriture directe, et peut-être trouverait-on dans la théorie des modifications
que les Esprits peuvent opérer sur la matière, et que nous avons développée dans le chapitre VIII, le
principe de la croyance à la transmutation des métaux.
Quoi qu'il en soit des résultats obtenus à diverses époques, ce n'est que depuis la vulgarisation
des manifestations spirites qu'il est sérieusement question de l'écriture directe. Le premier qui paraît
l'avoir fait connaître à Paris dans ces dernières années, c'est M. le baron de Guldenstubbe, qui a publié
sur ce sujet un ouvrage très intéressant, contenant un grand nombre de fac-similé des écritures qu'il a
obtenues . Le phénomène était déjà connu en Amérique depuis quelque temps. La position sociale de M. de
Guldenstubbe, son indépendance, la considération dont il jouit dans le monde le plus élevé, écartent
incontestablement toute suspicion de fraude volontaire, car il ne peut être mû par aucun motif d'intérêt.
On pourrait tout au plus croire qu'il était lui-même le jouet d'une illusion ; mais à cela un fait répond
péremptoirement, c'est l'obtention du même phénomène par d'autres personnes, en s'entourant de toutes les
précautions nécessaires pour éviter toute supercherie et toute cause d'erreur.
L'écriture directe s'obtient, comme en général la plupart des manifestations spirites non
spontanées, par le recueillement, la prière et l'évocation. On en a souvent obtenu dans les églises,
sur les tombeaux, au pied des statues ou des images des personnages que l'on appelle ; mais il est évident
que la localité n'a d'autre influence que de provoquer un plus grand recueillement et une plus grande
concentration de la pensée ; car il est prouvé qu'on l'obtient également sans ces accessoires et dans les
endroits les plus vulgaires, sur un simple meuble domestique, si l'on se trouve dans les conditions morales
voulues, et si l'on jouit de la faculté médianimique nécessaire.
Dans le principe on prétendait qu'il fallait déposer un crayon avec le papier ; le fait alors
pouvait jusqu'à un certain point s'expliquer. On sait que les Esprits opèrent le mouvement et le déplacement
des objets ; qu'ils les saisissent et les lancent quelquefois à travers l'espace ; ils pouvaient donc tout
aussi bien saisir le crayon et s'en servir pour tracer des caractères ; puisqu'ils lui donnent l'impulsion
par l'intermédiaire de la main du médium, d'une planchette, etc., ils pouvaient également le faire d'une
manière directe. Mais on ne tarda pas à reconnaître que la présence du crayon n'était pas nécessaire, et
qu'il suffisait d'un simple morceau de papier plié ou non, sur lequel on trouve, après quelques minutes,
des caractères tracés. Ici le phénomène change complètement de face et nous jette dans un ordre de choses
entièrement nouveau ; ces caractères ont été tracés avec une substance quelconque ; du moment qu'on n'a pas
fourni cette substance à l'Esprit, il l'a donc faite, composée lui-même ; où l'a-t-il puisée ? Là était le
problème.
Si l'on veut bien se reporter aux explications données dans le chapitre VIII du "Livre des Médiums"
(n° 127 et 128), on y trouvera la théorie complète de ce phénomène. Dans cette écriture, l'Esprit ne se sert
ni de nos substances, ni de nos instruments ; il fait lui-même la matière et les instruments dont il a besoin,
en puisant ses matériaux dans l'élément primitif universel auquel il fait subir, par sa volonté, les
modifications nécessaires à l'effet qu'il veut produire. Il peut donc tout aussi bien fabriquer du crayon
rouge, de l'encre d'impression ou de l'encre ordinaire que du crayon noir, voire même des caractères
typographiques assez résistants pour donner un relief à l'empreinte, ainsi que nous en avons vu des exemples.
La fille d'un monsieur que nous connaissons, enfant de 12 à 13 ans, a obtenu des pages entières écrites avec
une substance analogue au pastel.
Tel est le résultat auquel nous a conduit le phénomène de la tabatière rapporté dans le chapitre VII
du "Livre des médiums" (n° 116), et sur lequel nous nous sommes longuement étendu, parce que nous y avons vu
l'occasion de sonder une des lois les plus graves du spiritisme, loi dont la connaissance peut éclairer plus
d'un mystère même du monde visible. C'est ainsi que d'un fait, vulgaire en apparence, peut jaillir la lumière ;
le tout est d'observer avec soin, et c'est ce que chacun peut faire comme nous, quand on ne se bornera pas à
voir des effets sans en chercher les causes. Si notre foi s'affermit de jour en jour, c'est parce que nous
comprenons ; faites donc comprendre, si vous voulez faire des prosélytes sérieux. L'intelligence des causes a
un autre résultat, c'est de tracer une ligne de démarcation entre la vérité et la superstition.
Si nous envisageons l'écriture directe au point de vue des avantages qu'elle peut offrir, nous
dirons que, jusqu'à présent, sa principale utilité a été la constatation matérielle d'un fait grave :
l'intervention d'une puissance occulte qui trouve par là un nouveau moyen de se manifester. Mais les
communications que l'on obtient ainsi sont rarement de quelque étendue ; elles sont généralement spontanées
et bornées à des mots, des sentences, souvent des signes inintelligibles ; on en a obtenu dans toutes les
langues, en grec, en latin, en syriaque, en caractères hiéroglyphiques, etc., mais elles ne se sont point
encore prêtées à ces entretiens suivis et rapides que permet la psychographie ou écriture par médiums.
Médiums pneumatophones :
Les Esprits, pouvant produire des bruits et des coups frappés, peuvent tout aussi bien faire entendre des cris de toute nature, et des sons vocaux imitant la voix humaine, à nos côtés ou dans le vague de l'air ; c'est ce phénomène que nous désignons sous le nom de pneumatophonie. D'après ce que nous connaissons de la nature des Esprits, on peut penser que certains d'entre eux, quand ils sont d'un ordre inférieur, se font illusion et croient parler comme de leur vivant. (Voir Revue spirite, février 1858 : Histoire du revenant de mademoiselle Clairon.)
Il faudrait toutefois se garder de prendre pour des voix occultes tous les sons qui n'ont pas de cause connue, ou de simples tintements d'oreilles, et surtout de croire qu'il y a la moindre vérité dans la croyance vulgaire que l'oreille qui tinte nous avertit qu'on parle de nous quelque part. Ces tintements, dont la cause est purement physiologique, n'ont d'ailleurs aucun sens, tandis que les sons pneumatophoniques expriment des pensées, et c'est à cela seul qu'on peut reconnaître qu'ils sont dus à une cause intelligente et non accidentelle. On peut poser en principe que les effets notoirement intelligents sont les seuls qui puissent attester l'intervention des Esprits ; quant aux autres, il y a au moins cent chances contre une qu'ils sont dus à des causes fortuites.
Il arrive assez fréquemment que dans le demi-sommeil on entend distinctement prononcer des mots, des noms, quelquefois même des phrases entières, et cela assez fortement pour nous réveiller en sursaut. Quoiqu'il puisse arriver qu'en certains cas ce soit bien réellement une manifestation, ce phénomène n'a rien d'assez positif pour qu'on ne puisse aussi l'attribuer à une cause analogue à celle que nous avons développée dans la théorie de l'hallucination, chapitre VI, n° 111 et suivants. Ce que l'on entend de cette manière n'a du reste aucune suite ; il n'en est pas de même quand on est tout à fait éveillé, car alors, si c'est un Esprit qui se fait entendre, on peut presque toujours faire avec lui échange de pensées et lier une conversation régulière.
Les sons spirites ou pneumatophoniques ont deux manières bien distinctes de se produire : c'est quelquefois une voix intime qui retentit dans le for intérieur ; mais, bien que les paroles soient claires et distinctes, elles n'ont cependant rien de matériel ; d'autres fois elles sont extérieures et aussi distinctement articulées que si elles provenaient d'une personne que l'on aurait à côté de soi.
De quelque manière qu'il se produise, le phénomène de la pneumatophonie est presque toujours spontané et ne peut que bien rarement être provoqué.
Médiums guérisseurs :
Ceux qui ont le pouvoir de guérir ou de soulager par l'imposition des mains ou la prière.
"Cette faculté n'est pas essentiellement médianimique ; elle appartient à tous les vrais croyants,
qu'ils soient médiums ou non ; elle n'est souvent qu'une exaltation de la puissance magnétique fortifiée
en cas de besoin par le concours de bons Esprits."
Nous ne parlerons ici que pour mémoire de cette variété de médiums, parce que ce sujet exigerait des
développements trop étendus pour notre cadre ; nous savons d'ailleurs qu'un médecin de nos amis se
propose de le traiter dans un ouvrage spécial sur la médecine intuitive. Nous dirons seulement que
ce genre de médiumnité consiste principalement dans le don que certaines personnes possèdent de guérir
par le simple attouchement, par le regard, par un geste même, sans le secours d'aucune médication.
On dira sans doute que ce n'est pas autre chose que du magnétisme. Il est évident que le fluide
magnétique joue ici un grand rôle ; mais quand on examine ce phénomène avec soin, on reconnaît
sans peine qu'il y a quelque chose de plus. La magnétisation ordinaire est un véritable traitement
suivi, régulier et méthodique ; là les choses se passent tout différemment. Tous les magnétiseurs sont
à peu près aptes à guérir s'ils savent s'y prendre convenablement, tandis que chez les médiums guérisseurs
la faculté est spontanée, et quelques-uns même la possèdent sans avoir jamais entendu parler de magnétisme.
L'intervention d'une puissance occulte, qui constitue la médiumnité, devient évidente en certaines
circonstances, elle l'est surtout quand on considère que la plupart des personnes que l'on peut avec
raison qualifier de médiums guérisseurs ont recours à la prière, qui est une véritable évocation.
Voici les réponses qui nous ont été faites aux questions suivantes adressées aux Esprits sur ce sujet.
1. Peut-on considérer les personnes douées de la puissance magnétique comme formant une variété de médiums ?
"Vous n'en pouvez douter."
2. Cependant, le médium est un intermédiaire entre les Esprits et l'homme ; or, le magnétiseur, puisant sa force en lui-même, ne semble être l'intermédiaire d'aucune puissance étrangère ?
"C'est une erreur ; la puissance magnétique réside sans doute en l'homme, mais elle est
augmentée par l'action des Esprits qu'il appelle à son aide. Si tu magnétises en vue de guérir, par exemple,
et que tu invoques un bon Esprit qui s'intéresse à toi et à ton malade, il augmente ta force et ta volonté,
il dirige ton fluide et lui donne les qualités nécessaires."
3. Il y a cependant de très bons magnétiseurs qui ne croient pas aux Esprits ?
"Penses-tu donc que les Esprits n'agissent que sur ceux qui croient en eux ? Ceux qui magnétisent
pour le bien sont secondés par de bons Esprits. Tout homme qui a le désir du bien les appelle sans s'en douter ;
de même que, par le désir du mal et les mauvaises intentions, il appelle les mauvais."
4. Celui qui ayant la puissance croirait à l'intervention des Esprits, agirait-il plus efficacement ?
"Il ferait des choses que vous regarderiez comme des miracles."
5. Certaines personnes ont-elles véritablement le don de guérir par le simple attouchement, sans l'emploi des passes magnétiques ?
"Assurément ; n'en avez-vous pas de nombreux exemples ?"
6. Dans ce cas y a-t-il action magnétique ou seulement influence des Esprits ?
"L'un et l'autre. Ces personnes sont de véritables médiums, puisqu'elles agissent sous
l'influence des Esprits ; mais ce n'est pas à dire qu'elles soient médiums guérisseurs comme vous l'entendez."
7. Ce pouvoir peut-il se transmettre ?
"Le pouvoir, non ; mais la connaissance des choses nécessaires pour l'exercer si on le possède.
Tel ne se douterait pas qu'il a ce pouvoir s'il ne croyait qu'il lui a été transmis."
8. Peut-on obtenir des guérisons par la seule prière ?
"Oui, quelquefois si Dieu le permet ; mais peut-être que le bien du malade est de souffrir
encore, et alors vous croyez que votre prière n'est pas écoutée."
9. Y a-t-il pour cela des formules de prières plus efficaces les unes que les autres ?
"La superstition seule peut attacher une vertu à certaines paroles, et des Esprits ignorants
ou menteurs peuvent seuls entretenir de pareilles idées en prescrivant des formules. Cependant, il peut
arriver que, pour des personnes peu éclairées et incapables de comprendre les choses purement spirituelles,
l'emploi d'une formule contribue à leur donner confiance ; dans ce cas ce n'est pas la formule qui est efficace,
mais la foi qui est augmentée par l'idée attachée à l'emploi de la formule."
Médiums excitateurs :
Personnes qui ont le pouvoir de développer chez les autres, par leur influence, la faculté d'écrire.
"C'est plutôt ici un effet magnétique qu'un fait de médiumnité proprement dite, car rien ne prouve
l'intervention d'un Esprit. Dans tous les cas, il appartient à l'ordre des effets physiques."
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Médiums auditifs :
Ceux qui entendent les Esprits. Assez communs.
Ils entendent la voix des Esprits ; c'est, comme nous l'avons dit en parlant de la pneumatophonie, quelquefois une voix intime qui se fait entendre dans le for intérieur ; d'autres fois c'est une voix extérieure, claire et distincte comme celle d'une personne vivante. Les médiums auditifs peuvent ainsi entrer en conversation avec les Esprits. Lorsqu'ils ont l'habitude de communiquer avec certains Esprits, ils les reconnaissent immédiatement au caractère de la voix. Quand on n'est pas soi-même doué de cette faculté, on peut également communiquer avec un Esprit, par l'intermédiaire d'un médium auditif qui remplit l'office de truchement.
Cette faculté est très agréable quand le médium n'entend que de bons Esprits, ou seulement ceux qu'il appelle ; mais il n'en est pas de même quand un mauvais Esprit s'acharne après lui et lui fait entendre à chaque minute les choses les plus désagréables, et quelquefois les plus inconvenantes. Il faut alors chercher à s'en débarrasser par les moyens que nous indiquerons au chapitre de l'Obsession.
Médiums parlants :
Ceux qui parlent sous l'influence des Esprits. Assez communs.
Les médiums auditifs qui ne font que transmettre ce qu'ils entendent ne sont pas, à proprement parler, des médiums parlants ; ces derniers, très souvent, n'entendent rien ; chez eux l'Esprit agit sur les organes de la parole comme il agit sur la main des médiums écrivains. L'Esprit voulant se communiquer se sert de l'organe qu'il trouve le plus flexible chez le médium ; à l'un il emprunte la main, à un autre la parole, à un troisième l'ouïe. Le médium parlant s'exprime généralement sans avoir la conscience de ce qu'il dit, et souvent il dit des choses complètement en dehors de ses idées habituelles, de ses connaissances et même de la portée de son intelligence. Quoi qu'il soit parfaitement éveillé et dans un état normal, il conserve rarement le souvenir de ce qu'il dit ; en un mot, la parole est chez lui un instrument dont se sert l'Esprit, et avec lequel une personne étrangère peut entrer en communication, comme il peut le faire par l'entremise du médium auditif.
La passivité du médium parlant n'est pas toujours aussi complète ; il en est qui ont l'intuition de ce qu'ils disent au moment même où ils prononcent les mots. Nous reviendrons sur cette variété quand nous traiterons des médiums intuitifs.
Médiums voyants :
Ceux qui voient les Esprits à l'état de veille. La vue accidentelle et fortuite d'un Esprit dans une
circonstance particulière est assez fréquente ; mais la vue habituelle ou facultative des Esprits sans
distinction est exceptionnelle.
"C'est une aptitude à laquelle s'oppose l'état actuel des organes ; c'est pourquoi il est utile de ne pas
toujours croire sur parole ceux qui disent voir les Esprits."
Les médiums voyants sont doués de la faculté de voir les Esprits. Il en est qui jouissent de cette faculté dans l'état normal, alors qu'ils sont parfaitement éveillés, et en conservent un souvenir exact ; d'autres ne l'ont que dans un état somnambulique ou voisin du somnambulisme. Cette faculté est rarement permanente ; elle est presque toujours l'effet d'une crise momentanée et passagère. On peut placer dans la catégorie des médiums voyants toutes les personnes douées de la seconde vue. La possibilité de voir les Esprits en rêve résulte sans contredit d'une sorte de médiumnité, mais ne constitue pas, à proprement parler, les médiums voyants. Nous avons expliqué ce phénomène dans le chapitre VI, des Manifestations visuelles.
Le médium voyant croit voir par les yeux, comme ceux qui ont la double vue ; mais, en réalité, c'est l'âme qui voit, et c'est la raison pour laquelle ils voient tout aussi bien les yeux fermés que les yeux ouverts ; d'où il suit qu'un aveugle peut voir les Esprits comme celui qui a la vue intacte. Il y aurait sur ce dernier point une étude intéressante à faire, ce serait de savoir si cette faculté est plus fréquente chez les aveugles. Des Esprits qui avaient été aveugles nous ont dit que, de leur vivant, ils avaient, par l'âme, la perception de certains objets, et qu'ils n'étaient pas plongés dans l'obscurité noire.
Il faut distinguer les apparitions accidentelles et spontanées de la faculté proprement dite de voir les Esprits. Les premières sont fréquentes, surtout au moment de la mort des personnes que l'on a aimées ou connues, et qui viennent avertir qu'elles ne sont plus de ce monde. Il y a de nombreux exemples de faits de ce genre, sans parler des visions pendant le sommeil. D'autres fois, ce sont également des parents ou amis qui, quoique morts depuis plus ou moins longtemps, apparaissent, soit pour avertir d'un danger, soit pour donner un conseil ou demander un service. Le service que peut réclamer un Esprit consiste généralement dans l'accomplissement d'une chose qu'il n'a pu faire de son vivant, ou dans le secours des prières. Ces apparitions sont des faits isolés qui ont toujours un caractère individuel et personnel et ne constituent pas une faculté proprement dite. La faculté consiste dans la possibilité, sinon permanente, du moins très fréquente, de voir le premier Esprit venu, même celui qui nous est le plus étranger. C'est cette faculté qui constitue, à proprement parler, les médiums voyants.
Parmi les médiums voyants, il en est qui ne voient que les Esprits que l'on évoque et dont ils peuvent faire la description avec une minutieuse exactitude ; ils décrivent dans les moindres détails leurs gestes, l'expression de leur physionomie, les traits du visage, le costume et jusqu'aux sentiments dont ils paraissent animés. Il en est d'autres chez lesquels cette faculté est encore plus générale ; ils voient toute la population spirite ambiante aller, venir, et l'on pourrait dire vaquer à ses affaires.
Nous assistâmes un soir à la représentation de l'opéra d'Obéron avec un très bon médium voyant. Il y avait dans la salle un assez grand nombre de places vacantes, mais dont beaucoup étaient occupées par des Esprits qui avaient l'air de prendre leur part du spectacle ; quelques-uns allaient auprès de certains spectateurs et semblaient écouter leur conversation. Sur le théâtre se passait une autre scène ; derrière les acteurs plusieurs Esprits d'humeur joviale s'amusaient à les contrefaire en imitant leurs gestes d'une manière grotesque ; d'autres, plus sérieux, semblaient inspirer les chanteurs, et faire des efforts pour leur donner de l'énergie. L'un d'eux était constamment auprès d'une des principales cantatrices ; nous lui crûmes des intentions un peu légères ; l'ayant appelé après la chute du rideau, il vint à nous, et nous reprocha avec quelque sévérité notre jugement téméraire. Je ne suis pas ce que vous croyez, dit-il, je suis son guide et son Esprit protecteur ; c'est moi qui suis chargé de la diriger. Après quelques minutes d'un entretien très grave, il nous quitta en disant : Adieu ; elle est dans sa loge ; il faut que j'aille veiller sur elle. Nous évoquâmes ensuite l'Esprit de Weber, l'auteur de l'opéra, et lui demandâmes ce qu'il pensait de l'exécution de son oeuvre. "Ce n'est pas trop mal, dit-il, mais c'est mou ; les acteurs chantent, voilà tout ; il n'y a pas d'inspiration. Attendez, ajouta-t-il, je vais essayer de leur donner un peu du feu sacré." Alors on le vit sur la scène, planant au-dessus des acteurs ; un effluve semblait partir de lui et se répandre sur eux ; à ce moment, il y eut chez eux une recrudescence visible d'énergie.
Voici un autre fait qui prouve l'influence que les Esprits exercent sur les hommes à leur insu. Nous étions, comme ce soir-là, à une représentation théâtrale avec un autre médium voyant. Ayant engagé une conversation avec un Esprit spectateur, celui-ci nous dit : Vous voyez bien ces deux dames seules dans cette loge des premières ; eh bien ! je me fais fort de leur faire quitter la salle. Cela dit, on le vit aller se placer dans la loge en question et parler aux deux dames ; tout à coup celles-ci, qui étaient très attentives au spectacle, se regardent, semblent se consulter, puis s'en vont et ne reparaissent plus. L'Esprit nous fit alors un geste comique pour montrer qu'il avait tenu parole ; mais nous ne le revîmes plus pour lui demander de plus amples explications. C'est ainsi que nous avons pu maintes fois être témoin du rôle que jouent les Esprits parmi les vivants ; nous les avons observés dans divers lieux de réunion, au bal, au concert, au sermon, aux funérailles, aux noces, etc., et partout nous en avons trouvé attisant les passions mauvaises, soufflant la discorde, excitant les rixes et se réjouissant de leurs prouesses ; d'autres, au contraire, combattaient cette influence pernicieuse, mais n'étaient que rarement écoutés.
La faculté de voir les Esprits peut sans doute se développer, mais c'est une de celles dont il convient d'attendre le développement naturel sans le provoquer, si l'on ne veut s'exposer à être le jouet de son imagination. Quand le germe d'une faculté existe, elle se manifeste d'elle-même ; en principe, il faut se contenter de celles que Dieu nous a accordées, sans rechercher l'impossible ; car alors, en voulant trop avoir, on risque de perdre ce qu'on a.
Quand nous avons dit que les faits d'apparitions spontanées sont fréquents (n° 107), nous n'avons pas voulu dire qu'ils sont très communs ; quant aux médiums voyants proprement dits, ils sont encore plus rares, et il y a beaucoup à se défier de ceux qui prétendent jouir de cette faculté ; il est prudent de n'y ajouter foi que sur des preuves positives. Nous ne parlons même pas de ceux qui se font la ridicule illusion des Esprits globules, que nous avons décrite n° 108, mais de ceux qui prétendent voir les Esprits d'une manière rationnelle. Certaines personnes peuvent sans doute se tromper de bonne foi, mais d'autres peuvent aussi simuler cette faculté par amour-propre ou par intérêt. Dans ce cas, il faut particulièrement tenir compte du caractère, de la moralité et de la sincérité habituelle ; mais c'est surtout dans les circonstances de détail qu'on peut trouver le contrôle le plus certain, car il en est qui ne peuvent laisser de doute, comme, par exemple, l'exactitude du portrait d'Esprits que le médium n'a jamais connus vivants. Le fait suivant est dans cette catégorie.
Une dame veuve, dont le mari se communique fréquemment à elle, se trouvait un jour avec un médium voyant qui ne la connaissait pas, non plus que sa famille ; le médium lui dit : - Je vois un Esprit près de vous. - Ah ! dit la dame, c'est sans doute mon mari qui ne me quitte presque jamais. - Non, répondit le médium, c'est une femme d'un certain âge ; elle est coiffée d'une manière singulière ; elle a un bandeau blanc sur le front.
A cette particularité et à d'autres détails descriptifs, la dame reconnut sa grand-mère à ne pas s'y méprendre,
et à laquelle elle ne songeait nullement dans ce moment. Si le médium avait voulu simuler la faculté, il lui
était facile d'abonder dans la pensée de la dame, tandis qu'au lieu du mari dont elle était préoccupée, il
voit une femme avec une particularité de coiffure dont rien ne pouvait lui donner l'idée. Ce fait prouve une
autre chose, c'est que la vue, chez le médium, n'était le reflet d'aucune pensée étrangère.
Médiums inspirés :
Toute personne qui, soit dans l'état normal, soit dans l'état d'extase, reçoit, par la pensée, des communications étrangères à ses idées préconçues, peut être rangée dans la catégorie des médiums inspirés ; c'est, comme on le voit, une variété de la médiumnité intuitive, avec cette différence que l'intervention d'une puissance occulte y est encore bien moins sensible, car, chez l'inspiré, il est encore plus difficile de distinguer la pensée propre de celle qui est suggérée. Ce qui caractérise cette dernière, c'est surtout la spontanéité. L'inspiration nous vient des Esprits qui nous influencent en bien ou en mal, mais elle est plutôt le fait de ceux qui nous veulent du bien et dont nous avons trop souvent le tort de ne pas suivre les conseils ; elle s'applique à toutes les circonstances de la vie dans les résolutions que nous devons prendre ; sous ce rapport on peut dire que tout le monde est médium, car il n'est personne qui n'ait ses Esprits protecteurs et familiers qui font tous leurs efforts pour suggérer à leurs protégés des pensées salutaires. Si l'on était bien pénétré de cette vérité, on aurait plus souvent recours à l'inspiration de son ange gardien dans les moments où l'on ne sait que dire ou que faire. Qu'on l'invoque donc avec ferveur et confiance en cas de nécessité, et l'on sera le plus souvent étonné des idées qui surgiront comme par enchantement, soit que l'on ait un parti à prendre, soit que l'on ait quelque chose à composer. Si aucune idée ne venait, c'est qu'il faudrait attendre. La preuve que l'idée qui survient est bien une idée étrangère à soi, c'est que si elle eût été en soi, on en eût toujours été maître, et il n'y aurait pas de raison pour qu'elle ne se manifestât pas à volonté. Celui qui n'est pas aveugle n'a qu'à ouvrir les yeux pour voir quand il veut ; de même, celui qui a des idées à lui les a toujours à sa disposition ; si elles ne lui viennent pas à son gré, c'est qu'il est obligé de les puiser ailleurs que dans son propre fonds.
On peut encore rattacher à cette catégorie les personnes qui, sans être douées d'une intelligence hors ligne, et sans sortir de l'état normal, ont des éclairs d'une lucidité intellectuelle qui leur donne momentanément une facilité inaccoutumée de conception et d'élocution, et, dans certains cas, le pressentiment des choses futures. Dans ces moments qu'on appelle justement d'inspiration, les idées abondent, se suivent, s'enchaînent pour ainsi dire d'elles-mêmes et par une impulsion involontaire et presque fébrile ; il nous semble qu'une intelligence supérieure vient nous aider et que notre esprit est débarrassé d'un fardeau.
Les hommes de génie dans tous les genres, artistes, savants, littérateurs, sont sans doute des Esprits avancés, capables par eux-mêmes de comprendre et de concevoir de grandes choses ; or, c'est précisément parce qu'ils sont jugés capables, que les Esprits qui veulent l'accomplissement de certains travaux leur suggèrent les idées nécessaires, et c'est ainsi qu'ils sont le plus souvent médiums sans le savoir. Ils ont pourtant une vague intuition d'une assistance étrangère, car celui qui fait appel à l'inspiration ne fait pas autre chose qu'une évocation ; s'il n'espérait pas être entendu, pourquoi s'écrierait-il si souvent : Mon bon génie, viens à mon aide !
Les réponses suivantes confirment cette assertion.
- Quelle est la cause première de l'inspiration ?
"Esprit qui se communique par la pensée."
- L'inspiration n'a-t-elle pour objet que la révélation des grandes choses ?
"Non, elle a souvent rapport aux circonstances les plus ordinaires de la vie. Par exemple, tu veux aller quelque part : une
voix secrète te dit de ne pas le faire parce qu'il y a du danger pour toi ; ou bien elle te dit de faire une chose à laquelle tu ne
pensais pas : c'est de l'inspiration. Il y a bien peu de personnes qui n'aient été plus ou moins inspirées dans certains moments."
- Un auteur, un peintre, un musicien, par exemple, dans les moments d'inspiration, pourraient-ils être considérés comme médiums ?
"Oui, car dans ces moments, leur âme est plus libre et comme dégagée de la matière ; elle recouvre une partie
de ses facultés d'Esprit et reçoit plus facilement les communications des autres Esprits qui l'inspirent."
Médiums à pressentiments :
Personnes qui, dans certaines circonstances, ont une vague intuition des choses futures vulgaires.
Le pressentiment est une intuition vague des choses futures. Certaines personnes ont cette faculté plus ou
moins développée ; elles peuvent la devoir à une sorte de double vue qui leur permet d'entrevoir les
conséquences des choses présentes et la filiation des événements ; mais souvent aussi elle est le fait
de communications occultes, et c'est dans ce cas surtout qu'on peut donner à ceux qui en sont doués le
nom de médiums à pressentiments, qui sont une variété des médiums inspirés.
Médiums prophétiques :
Variété des médiums inspirés ou à pressentiments ; ils reçoivent, avec la permission de Dieu, et avec plus
de précision que les médiums à pressentiments, la révélation des choses futures d'un intérêt général, et
qu'ils sont chargés de faire connaître aux hommes pour leur instruction.
"S'il y a de vrais prophètes, il y en a plus encore de faux, et qui prennent les rêves de leur imagination
pour des révélations, quand ce ne sont pas des fourbes qui se font passer pour tels par ambition."
Médiums somnambules :
Ceux qui, dans l'état de somnambulisme, sont assistés par des Esprits.
Le somnambulisme peut être considéré comme une variété de la faculté médianimique, ou pour mieux dire, ce sont deux ordres de phénomènes qui se trouvent très souvent réunis. Le somnambule agit sous l'influence de son propre Esprit ; c'est son âme qui, dans les moments d'émancipation, voit, entend et perçoit en dehors de la limite des sens ; ce qu'il exprime, il le puise en lui-même ; ses idées sont en général plus justes que dans l'état normal, ses connaissances plus étendues, parce que son âme est libre ; en un mot, il vit par anticipation de la vie des Esprits. Le médium, au contraire, est l'instrument d'une intelligence étrangère ; il est passif, et ce qu'il dit ne vient point de lui. En résumé, le somnambule exprime sa propre pensée, et le médium exprime celle d'un autre. Mais l'Esprit qui se communique à un médium ordinaire peut tout aussi bien le faire à un somnambule ; souvent même l'état d'émancipation de l'âme, pendant le somnambulisme, rend cette communication plus facile. Beaucoup de somnambules voient parfaitement les Esprits et les décrivent avec autant de précision que les médiums voyants ; ils peuvent s'entretenir avec eux et nous transmettre leur pensée ; ce qu'ils disent en dehors du cercle de leurs connaissances personnelles leur est souvent suggéré par d'autres Esprits. Voici un exemple remarquable où la double action de l'Esprit du somnambule et de l'Esprit étranger se révèle de la manière la moins équivoque.
Un de nos amis avait pour somnambule un jeune garçon de 14 à 15 ans, d'une intelligence très vulgaire et d'une instruction extrêmement bornée. Néanmoins, en somnambulisme, il a donné des preuves d'une lucidité extraordinaire et d'une grande perspicacité. Il excellait surtout dans le traitement des maladies, et a fait un grand nombre de cures regardées comme impossibles. Un jour, il donnait une consultation à un malade dont il décrivit le mal avec une exactitude parfaite. - Ce n'est pas tout, lui dit-on, il s'agit maintenant d'indiquer le remède. - Je ne puis pas, répond-il, mon ange docteur n'est pas là. - Qu'entendez-vous par votre ange docteur ? - Celui qui me dicte les remèdes. - Ce n'est donc pas vous qui voyez les remèdes ? - Eh ! non ; puisque je vous dis que c'est mon ange docteur qui me les dicte.
Ainsi, chez ce somnambule, l'action de voir le mal était le fait de son propre Esprit qui, pour cela, n'avait besoin d'aucune assistance ; mais l'indication des remèdes lui était donnée par un autre ; cet autre n'étant pas là, il ne pouvait rien dire. Seul, il n'était que somnambule ; assisté de ce qu'il appelait son ange docteur, il était somnambule-médium.
La lucidité somnambulique est une faculté qui tient à l'organisme et qui est tout à fait indépendante de l'élévation, de l'avancement et même de l'état moral du sujet. Un somnambule peut donc être très lucide et être incapable de résoudre certaines questions si son Esprit est peu avancé. Celui qui parle par lui-même peut donc dire des choses bonnes ou mauvaises, justes ou fausses, mettre plus ou moins de délicatesse et de scrupule dans ses procédés, selon le degré d'élévation ou d'infériorité de son propre Esprit ; c'est alors que l'assistance d'un Esprit étranger peut suppléer à son insuffisance ; mais un somnambule peut être assisté par un Esprit menteur, léger, ou même mauvais, tout aussi bien que les médiums ; c'est ici surtout que les qualités morales ont une grande influence pour attirer les bons Esprits.
Médiums extatiques :
Ceux qui, dans l'état d'extase, reçoivent des révélations de la part des Esprits.
"Beaucoup d'extatiques sont le jouet de leur propre imagination et des Esprits trompeurs qui profitent de
leur exaltation. Ceux qui méritent une entière confiance sont très rares."
Médiums peintres et
dessinateurs :
Ceux qui peignent ou dessinent sous l'influence des Esprits. Nous parlons de ceux qui obtiennent des choses
sérieuses, car on ne saurait donner ce nom à certains médiums auxquels des Esprits moqueurs font faire des
choses grotesques que désavouerait le dernier écolier.
Les Esprits légers sont imitateurs. A l'époque où parurent les remarquables dessins de Jupiter, il surgit
un grand nombre de prétendus médiums dessinateurs, auxquels des Esprits moqueurs s'amusèrent à faire faire
les choses les plus ridicules. L'un d'eux, entre autres, voulant éclipser les dessins de Jupiter, au moins
par la dimension si ce n'est par la qualité, fit dessiner à un médium un monument occupant un assez grand
nombre de feuilles pour atteindre la hauteur de deux étages. Beaucoup d'autres firent faire de soi-disant
portraits qui étaient de véritables caricatures.
Médiums musiciens :
Ceux qui exécutent, composent ou écrivent de la musique sous l'influence des Esprits. Il y a des médiums
musiciens mécaniques, semi-mécaniques, intuitifs, et inspirés comme pour les communications littéraires.
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Médiums sensitifs ou impressibles :
On désigne ainsi les personnes susceptibles de ressentir la présence des Esprits par une vague impression, une
sorte de frôlement sur tous les membres, dont elles ne peuvent se rendre compte. Cette variété n'a pas de
caractère bien tranché ; tous les médiums sont nécessairement impressibles, l'impressionnabilité est ainsi
plutôt une qualité générale que spéciale : c'est la faculté rudimentaire indispensable au développement de
toutes les autres ; elle diffère de l'impressionnabilité purement physique et nerveuse, avec laquelle il ne
faut pas la confondre ; car il y a des personnes qui n'ont pas les nerfs délicats et qui ressentent plus ou
moins l'effet de la présence des Esprits, de même que d'autres très irritables ne les ressentent pas du tout.
Cette faculté se développe par l'habitude, et peut acquérir une telle subtilité, que celui qui en est doué
reconnaît à l'impression qu'il ressent, non seulement la nature bonne ou mauvaise de l'Esprit qui est à ses
côtés, mais même son individualité, comme l'aveugle reconnaît à un certain je ne sais quoi l'approche de telle
ou telle personne ; il devient, par rapport aux Esprits, un véritable sensitif. Un bon Esprit fait toujours
une impression douce et agréable ; celle d'un mauvais Esprit, au contraire, est pénible, anxieuse et désagréable ;
il y a comme un flair d'impureté.
Médiums naturels ou inconscients :
Voir ci-dessus.
Médiums facultatifs ou volontaires :
Voir ci-dessus.
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1° Selon le mode d'exécution:
Médiums écrivains ou psychographes :
Ceux qui ont la faculté d'écrire eux-mêmes sous l'influence des Esprits.
Nous appelons psychographie indirecte l'écriture ainsi obtenue, par opposition à la psychographie directe ou manuelle
obtenue par le médium même. Pour comprendre ce dernier procédé, il faut se rendre compte de ce qui se passe dans cette
opération. L'Esprit étranger qui se communique agit sur le médium ; celui-ci, sous cette influence, dirige machinalement
son bras et sa main pour écrire, sans avoir (c'est du moins le cas le plus ordinaire) la moindre conscience de ce qu'il
écrit ; la main agit sur la corbeille, et la corbeille sur le crayon. Ainsi ce n'est point la corbeille qui devient
intelligente, c'est un instrument dirigé par une intelligence ; ce n'est en réalité qu'un porte-crayon, un appendice
de la main, un intermédiaire entre la main et le crayon ; supprimez cet intermédiaire, et placez le crayon dans la main,
vous aurez le même résultat, avec un mécanisme beaucoup plus simple, puisque le médium écrit comme il le fait dans les
conditions normales ; ainsi toute personne qui écrit à l'aide d'une corbeille, planchette ou autre objet, peut écrire
directement. De tous les moyens de communication, l'écriture à la main, désignée par quelques-uns sous le nom d'écriture
involontaire, est, sans contredit, le plus simple, le plus facile et le plus commode, parce qu'il n'exige aucune
préparation, et qu'il se prête, comme l'écriture courante, aux développements les plus étendus. Nous y reviendrons
en parlant des médiums.
Médiums écrivains mécaniques :
Ceux dont la main reçoit une impulsion involontaire et qui n'ont aucune conscience de ce qu'ils
écrivent. Très rares.
Si l'on examine certains effets qui se produisent dans les mouvements de la table, de la corbeille ou de la planchette qui écrit, on ne peut douter d'une action exercée directement par l'Esprit sur ces objets. La corbeille s'agite parfois avec tant de violence, qu'elle échappe des mains du médium ; quelquefois même elle se dirige vers certaines personnes du cercle pour les frapper ; d'autres fois ses mouvements témoignent d'un sentiment affectueux. La même chose a lieu lorsque le crayon est placé dans la main ; souvent il est lancé au loin avec force, ou bien la main, comme la corbeille, s'agite convulsivement et frappe la table avec colère, alors même que le médium est dans le plus grand calme et s'étonne de n'être pas maître de lui. Disons, en passant, que ces effets dénotent toujours la présence d'Esprits imparfaits ; les Esprits réellement supérieurs sont constamment calmes, dignes et bienveillants ; s'ils ne sont pas écoutés convenablement, ils se retirent, et d'autres prennent leur place. L'Esprit peut donc exprimer directement sa pensée, soit par le mouvement d'un objet dont la main du médium n'est que le point d'appui, soit par son action sur la main elle-même.
Lorsque l'Esprit agit directement sur la main, il donne à celle-ci une impulsion complètement indépendante de la volonté. Elle marche sans interruption et malgré le médium tant que l'Esprit a quelque chose à dire, et s'arrête quand il a fini.
Ce qui caractérise le phénomène dans cette circonstance, c'est que le médium n'a pas la moindre conscience de ce qu'il écrit, l'inconscience absolue, dans ce cas, constitue ce qu'on appelle les médiums passifs ou mécaniques. Cette faculté est précieuse en ce qu'elle ne peut laisser aucun doute sur l'indépendance de la pensée de celui qui écrit.
Médiums semi-mécaniques :
Dans le médium purement mécanique, le mouvement de la main est indépendant de la volonté ; dans le médium
intuitif, le mouvement est volontaire et facultatif. Le médium semi-mécanique participe des deux autres ;
il sent une impulsion donnée à sa main malgré lui, mais en même temps, il a la conscience de ce qu'il écrit
à mesure que les mots se forment. Chez le premier, la pensée suit l'acte de l'écriture ; chez le second,
elle le précède ; chez le troisième, elle l'accompagne. Ces derniers médiums sont les plus nombreux.
Les plus communs.
Médiums intuitifs :
Ceux à qui les Esprits se communiquent par la pensée et dont la main est guidée par la volonté. Très communs.
La transmission de la pensée a lieu par l'intermédiaire de l'Esprit du médium, ou mieux de son âme, puisque nous désignons sous ce nom l'Esprit incarné. L'Esprit étranger, dans ce cas, n'agit pas sur la main pour la faire écrire ; il ne la tient pas, il ne la guide pas ; il agit sur l'âme avec laquelle il s'identifie. L'âme, sous cette impulsion, dirige la main, et la main dirige le crayon. Remarquons ici une chose importante à savoir, c'est que l'Esprit étranger ne se substitue point à l'âme, car il ne saurait la déplacer : il la domine à son insu, il lui implique sa volonté. Dans cette circonstance, le rôle de l'âme n'est point absolument passif ; c'est elle qui reçoit la pensée de l'Esprit étranger et qui la transmet. Dans cette situation, le médium a la conscience de ce qu'il écrit, quoique ce ne soit pas sa propre pensée ; il est ce qu'on appelle médium intuitif.
S'il en est ainsi, dira-t-on, rien ne prouve que ce soit plutôt un Esprit étranger qui écrit que celui du médium. La distinction est en effet quelquefois assez difficile à faire, mais il peut arriver que cela importe peu. Toutefois, on peut reconnaître la pensée suggérée en ce qu'elle n'est jamais préconçue ; elle naît à mesure que l'on écrit, et souvent elle est contraire à l'idée préalable qu'on s'était formée ; elle peut même être en dehors des connaissances et des capacités du médium.
Le rôle du médium mécanique est celui d'une machine ; le médium intuitif agit comme le ferait un truchement ou interprète. Celui-ci, en effet, pour transmettre la pensée, doit la comprendre, se l'approprier en quelque sorte pour la traduire fidèlement, et pourtant cette pensée n'est pas la sienne : elle ne fait que traverser son cerveau. Tel est exactement le rôle du médium intuitif.
Médiums polygraphes :
Ceux dont l'écriture change avec l'Esprit qui se communique, ou qui sont aptes à
reproduire l'écriture que l'Esprit avait de son vivant. Le premier cas est très ordinaire ; le second,
celui de l'identité de l'écriture, est plus rare.
Médiums polyglottes :
Ceux qui ont la faculté de parler ou d'écrire dans des langues qui leur sont étrangères. Très rares.
Médiums illettrés :
Ceux qui écrivent, comme médiums sans savoir ni lire ni écrire dans l'état ordinaire.
"Plus rares que les précédents ; il y a une plus grande difficulté matérielle à vaincre."
2° Selon le développement de la faculté :
Médiums novices :
Ceux dont les facultés ne sont point encore complètement développées et qui manquent de l'expérience nécessaire.
Médiums improductifs :
Ceux qui ne parviennent à obtenir que des choses insignifiantes, des monosyllabes, des traits ou des lettres
sans suite.
Médiums faits ou formés :
Ce sont ceux dont les facultés médianimiques sont complètement développées, qui transmettent les
communications qu'ils reçoivent avec facilité, promptitude, sans hésitation. On conçoit que ce résultat ne
peut s'obtenir que par l'habitude, tandis que, chez les médiums novices, les communications sont lentes et
difficiles.
Médiums laconiques :
Ceux dont les communications, quoique faciles, sont brèves et sans développement.
Médiums explicites :
Les communications qu'ils obtiennent ont toute l'ampleur et toute l'étendue que l'on peut attendre d'un
écrivain consommé.
"Cette aptitude tient à l'expansion et à la facilité de combinaison des fluides ; les Esprits les recherchent
pour traiter les sujets qui comportent de grands développements."
Médiums expérimentés :
La facilité d'exécution est une affaire d'habitude qui s'acquiert souvent en peu de temps, tandis que
l'expérience est le résultat d'une étude sérieuse de toutes les difficultés qui se présentent dans la
pratique du spiritisme. L'expérience donne au médium le tact nécessaire pour apprécier la nature des Esprits
qui se manifestent, juger leurs qualités bonnes ou mauvaises par les signes les plus minutieux, discerner
la fourberie des Esprits trompeurs qui s'abritent sous les apparences de la vérité. On comprend facilement
l'importance de cette qualité, sans laquelle toutes les autres sont sans utilité réelle ; le mal est que
beaucoup de médiums confondent l'expérience, fruit de l'étude, avec l'aptitude, produit de l'organisation ;
ils se croient passés maîtres parce qu'ils écrivent facilement ; ils répudient tous conseils et deviennent
la proie des Esprits menteurs et hypocrites qui les captent en flattant leur orgueil.
Médiums flexibles :
Ceux dont la faculté se prête plus facilement aux divers genres de communications, et par lesquels tous les
Esprits, ou à peu près, peuvent se manifester, spontanément ou par évocation.
"Cette variété de médiums se rapproche beaucoup des médiums sensitifs."
Médiums exclusifs :
Ceux par lesquels un Esprit se manifeste de préférence, et même à l'exclusion de tous autres, et répond
pour ceux que l'on appelle par l'entremise du médium.
"Cela tient toujours à un défaut de flexibilité ; quand l'Esprit est bon, il peut s'attacher au médium par
sympathie et dans un but louable ; quand il est mauvais, c'est toujours en vue de mettre le médium sous sa
dépendance. C'est plutôt un défaut qu'une qualité, et très voisin de l'obsession."
Médiums à évocations :
Les médiums flexibles sont naturellement les plus propres à ce genre de communication, et aux questions de
détail qu'on peut adresser aux Esprits. Il y a sous ce rapport des médiums tout à fait spéciaux.
"Leurs réponses se renferment presque toujours dans un cadre restreint, incompatible avec le développement
des sujets généraux."
Médiums à dictées spontanées :
Ils reçoivent de préférence des communications spontanées de la part d'Esprits qui se présentent sans être
appelés. Lorsque cette faculté est spéciale chez un médium, il est difficile, quelquefois même impossible,
de faire par lui une évocation.
"Cependant, ils sont mieux outillés que ceux de la nuance précédente. Comprenez que l'outillage s'entend ici
des matériaux cérébraux, car il faut souvent, je dirai même toujours, une plus grande somme d'intelligence
pour les dictées spontanées que pour les évocations. Entendez ici par dictées spontanées celles qui méritent
véritablement ce nom, et non pas quelques phrases incomplètes ou quelques pensées banales qui se retrouvent
dans tous les casiers humains."
3° Selon le genre et la spécialité des communications :
Médiums versificateurs :
Ils obtiennent plus facilement que d'autres des communications versifiées. Assez communs pour les mauvais
vers ; très rares pour les bons.
Médiums poétiques :
Sans obtenir de vers, les communications qu'ils reçoivent ont quelque chose de vaporeux, de sentimental ;
rien n'y sent la rudesse ; ils sont, plus que d'autres, propres à l'expression des sentiments tendres
et affectueux. Tout y est vague, et il serait inutile de leur demander rien de précis. Très communs.
Médiums positifs :
Leurs communications ont, en général, un caractère de netteté et de précision qui se prête volontiers aux détails
circonstanciés, aux renseignements exacts. Assez rares.
Médiums littéraires :
Ils n'ont ni le vague des médiums poétiques, ni le terre à terre des médiums positifs ; mais ils dissertent
avec sagacité ; leur style est correct, élégant et souvent d'une remarquable éloquence.
Médiums incorrects :
Ils peuvent obtenir de très bonnes choses, des pensées d'une moralité irréprochable, mais leur style est
diffus, incorrect, surchargé de répétitions et de termes impropres.
"L'incorrection matérielle du style tient généralement au défaut de culture intellectuelle du médium qui
n'est pas, pour l'Esprit, un bon instrument sous ce rapport ; l'Esprit y attache peu d'importance ; pour
lui la pensée est la chose essentielle, et il vous laisse libre d'y donner la forme convenable. Il n'en est
pas de même des idées fausses et illogiques que peut renfermer une communication ; elles sont toujours un
indice de l'infériorité de l'Esprit qui se manifeste."
Médiums historiens :
Ceux qui ont une aptitude spéciale pour les développements historiques. Cette faculté, comme toutes les
autres, est indépendante des connaissances du médium, car on voit des gens sans instruction, et même des
enfants, traiter des sujets bien au-dessus de leur portée. Variété rare des médiums positifs.
Médiums scientifiques :
Nous ne disons pas savants, car ils peuvent être fort ignorants ; et nonobstant cela ils sont plus
spécialement propres aux communications relatives aux sciences.
Médiums médicaux :
Leur qualité est de servir plus facilement d'interprètes aux Esprits pour les prescriptions médicales.
Il ne faut pas les confondre avec les médiums guérisseurs, car ils ne font absolument que transmettre
la pensée de l'Esprit, et n'ont par eux-mêmes aucune influence. Assez communs.
Médiums religieux :
Ils reçoivent plus spécialement des communications d'un caractère religieux, ou qui traitent les questions
de religion, nonobstant leurs croyances ou leurs habitudes.
Médiums philosophes et
moralistes :
Leurs communications ont généralement pour objet les questions de morale et de haute philosophie. Très communs
pour la morale.
"Toutes ces nuances sont des variétés d'aptitudes de bons médiums. Quant à ceux qui ont une aptitude spéciale
pour certaines communications scientifiques, historiques, médicales ou autres, au-dessus de leur portée
actuelle, soyez persuadés qu'ils ont possédé ces connaissances dans une autre existence, et qu'elles sont
restées chez eux à l'état latent ; elles font partie des matériaux cérébraux nécessaires à l'Esprit qui se
manifeste ; ce sont les éléments qui lui facilitent la voie pour communiquer ses propres idées, car ces
médiums sont pour lui des instruments plus intelligents et plus souples que ne le serait une brute."
Médiums à communications triviales et ordurières :
Ces mots indiquent le genre de communications que certains médiums reçoivent d'habitude, et la nature des
Esprits qui les font. Quiconque a étudié le monde spirite à tous les degrés de l'échelle sait qu'il y en a
dont la perversité égale celle des hommes les plus dépravés, et qui se complaisent à exprimer leurs
pensées dans les termes les plus grossiers. D'autres, moins abjects, se contentent d'expressions triviales.
On comprend que ces médiums doivent avoir le désir d'être délivrés de la préférence que ces Esprits leur
accordent, et qu'ils doivent envier ceux qui, dans les communications qu'ils reçoivent, n'ont jamais eu un
mot malséant. Il faudrait une étrange aberration d'idées et avoir divorcé avec le bon sens, pour croire
qu'un pareil langage puisse être le fait de bons Esprits.
4° Selon les qualités physiques du médium :
Médiums calmes :
Ils écrivent toujours avec une certaine lenteur et sans éprouver la moindre agitation.
Médiums véloces :
Ils écrivent avec une rapidité plus grande qu'ils ne pourraient le faire volontairement dans l'état ordinaire.
Les Esprits se communiquent à eux avec la promptitude de l'éclair ; on dirait qu'il y a en eux une surabondance
de fluide qui leur permet de s'identifier instantanément avec l'Esprit. Cette qualité a quelquefois son
inconvénient, c'est que la rapidité de l'écriture rend celle-ci très difficile à lire pour tout autre que
pour le médium.
"Elle est même très fatigante, parce qu'elle dépense trop de fluide inutilement."
Médiums convulsifs :
Ils sont dans un état de surexcitation presque fébrile ; leur main, et quelquefois toute leur personne est
agitée d'un tremblement qu'ils ne peuvent maîtriser. La cause première en est sans doute dans l'organisation,
mais elle dépend beaucoup aussi de la nature des Esprits qui se communiquent à eux ; les Esprits bons et
bienveillants font toujours une impression douce et agréable ; les mauvais, au contraire, en font une pénible.
"Il faut que ces médiums ne se servent que rarement de leur faculté médianimique, dont l'usage trop fréquent
pourrait affecter le système nerveux."
5° Selon les qualités morales du médium :
Médiums imparfaits.
Médiums obsédés :
Ceux qui ne peuvent se débarrasser d'Esprits importuns et trompeurs, mais ne s'abusent pas.
Médiums fascinés :
Ceux qui sont abusés par des Esprits trompeurs et se font illusion sur la nature des communications qu'ils reçoivent.
Médiums subjugués :
Ceux qui subissent une domination morale et souvent matérielle de la part de mauvais Esprits.
Médiums légers :
Ceux qui ne prennent point leur faculté au sérieux, et ne s'en servent que comme amusement ou pour des choses
futiles.
Médiums indifférents :
Ceux qui ne tirent aucun profit moral des instructions qu'ils reçoivent et ne modifient en rien leur
conduite et leurs habitudes.
Médiums présomptueux :
Ceux qui ont la prétention d'être seuls en rapport avec des Esprits supérieurs. Ils croient à leur
infaillibilité, et regardent comme inférieur et erroné tout ce qui ne vient pas d'eux.
Médiums orgueilleux :
Ceux qui tirent vanité des communications qu'ils reçoivent ; ils croient n'avoir plus rien à apprendre
en spiritisme, et ne prennent pas pour eux les leçons qu'ils reçoivent souvent de la part des Esprits.
Ils ne se contentent pas des facultés qu'ils possèdent : ils veulent les avoir toutes.
Médiums susceptibles :
Variété des médiums orgueilleux ; ils se blessent des critiques dont leurs communications peuvent être
l'objet ; ils se fâchent de la moindre contradiction, et s'ils montrent ce qu'ils obtiennent,
c'est pour le faire admirer et non pour demander des avis. Généralement ils prennent en aversion les
personnes qui n'y applaudissent pas sans réserve, et désertent les réunions où ils ne peuvent s'imposer
et dominer.
"Laissez-les aller se pavaner ailleurs et chercher des oreilles plus complaisantes ou se retirer dans
l'isolement ; les réunions qu'ils privent de leur présence ne font pas une grande perte."
Médiums mercenaires :
Ceux qui exploitent leur faculté.
Médiums ambitieux :
Ceux qui, sans mettre à prix leur faculté, espèrent en tirer des avantages quelconques.
Médiums de mauvaise foi :
Ceux qui, ayant des facultés réelles, simulent celles qu'ils n'ont pas pour se donner de l'importance.
On ne peut donner le titre de médium aux personnes qui, n'ayant aucune faculté médianimique, ne
produisent des effets que par la jonglerie.
Médiums égoïstes :
Ceux qui ne se servent de leur faculté que pour leur usage personnel, et gardent pour eux les communications
qu'ils reçoivent.
Médiums jaloux :
Ceux qui voient avec dépit d'autres médiums mieux appréciés et qui leur sont supérieurs.
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Les Bons médiums.
Médiums sérieux :
Ceux qui ne se servent de leur faculté que pour le bien et pour des choses vraiment utiles ; ils croiraient
la profaner en la faisant servir à la satisfaction des curieux et des indifférents ou pour des futilités.
Médiums modestes :
Ceux qui ne se font aucun mérite des communications qu'ils reçoivent, quelque belles qu'elles soient ; ils
s'y regardent comme étrangers, et ne se croient pas à l'abri des mystifications. Loin de fuir les avis
désintéressés, ils les sollicitent.
Médiums dévoués :
Ceux qui comprennent que le vrai médium a une mission à remplir et doit, quand cela est nécessaire,
sacrifier ses goûts, ses habitudes, ses plaisirs, son temps, et même ses intérêts matériels, au bien
des autres.
Médiums sûrs :
Ceux qui, outre la facilité d'exécution, méritent le plus de confiance, par leur propre caractère, la nature
élevée des Esprits dont ils sont assistés, et qui sont le moins exposés à être trompés. Nous verrons plus
tard que cette sécurité ne dépend nullement des noms plus ou moins respectables que prennent les Esprits.
"Il est incontestable, vous le sentez bien, qu'en épiloguant ainsi les qualités et les travers des médiums,
cela suscitera des contrariétés et même des animosités chez quelques-uns ; mais qu'importe ? la médiumnité
se répand de jour en jour davantage, et le médium qui prendrait ces réflexions en mal prouverait une chose,
c'est qu'il n'est pas bon médium, c'est-à-dire qu'il est assisté par de mauvais Esprits. Au reste, comme je
l'ai dit, tout cela n'aura qu'un temps, et les mauvais médiums, ceux qui abusent ou mésusent de leurs facultés,
en subiront de tristes conséquences, comme cela est déjà arrivé pour quelques-uns ; ils apprendront à leurs
dépens ce qu'il en coûte de faire tourner au profit de leurs passions terrestres un don que Dieu ne leur
avait accordé que pour leur avancement moral. Si vous ne pouvez les ramener dans la bonne voie, plaignez-les,
car, je puis le dire, ils sont réprouvés de Dieu."
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Médium électrique:
C'est à cette catégorie de médiums que sembleraient appartenir les personnes douées d'une certaine dose
d'électricité naturelle, véritables torpilles humaines, produisant par le simple contact tous les effets
d'attraction et de répulsion. On aurait tort cependant de les regarder comme des médiums, car la véritable
médiumnité suppose l'intervention directe d'un Esprit ; or, dans le cas dont nous parlons, des expériences
concluantes ont prouvé que l'électricité est l'unique agent de ces phénomènes. Cette faculté bizarre,
qu'on pourrait presque appeler une infirmité, peut quelquefois s'allier à la médiumnité, comme on peut
le voir dans l'histoire de l'Esprit frappeur de Bergzabern ; mais souvent elle est complètement indépendante.
Ainsi que nous l'avons dit, la seule preuve de l'intervention des Esprits, c'est le caractère intelligent
des manifestations ; toutes les fois que ce caractère n'existe pas, on est fondé à les attribuer à une
cause purement physique. La question est de savoir si les personnes électriques auraient une aptitude
plus grande à devenir médiums à effets physiques ; nous le pensons, mais ce serait un résultat d'expérience.
Médiums Spéciaux :
Outre les catégories de médiums que nous venons d'énumérer, la médiumnité présente une variété infinie de nuances qui constituent ce qu'on appelle les médiums spéciaux, et qui tiennent à des aptitudes particulières non encore définies, abstraction faite des qualités et des connaissances de l'Esprit qui se manifeste.
La nature des communications est toujours relative à la nature de l'Esprit, et porte le cachet de son élévation ou de son infériorité, de son savoir ou de son ignorance ; mais à mérite égal, au point de vue hiérarchique, il y a incontestablement chez lui une propension à s'occuper d'une chose plutôt que d'une autre ; les Esprits frappeurs, par exemple, ne sortent guère des manifestations physiques ; et parmi ceux qui donnent des manifestations intelligentes il y a des Esprits poètes, musiciens, dessinateurs, moralistes, savants, médecins, etc.. Nous parlons des Esprits d'un ordre moyen, car, arrivées à un certain degré, les aptitudes se confondent dans l'unité de la perfection. Mais, à côté de l'aptitude de l'Esprit, il y a celle du médium qui est pour lui un instrument plus ou moins commode, plus ou moins flexible, et dans lequel il découvre des qualités particulières que nous ne pouvons apprécier.
Prenons une comparaison : un musicien très habile a sous la main plusieurs violons qui, pour le vulgaire, seront tous de bons instruments, mais entre lesquels l'artiste consommé fait une grande différence ; il y saisit des nuances d'une extrême délicatesse qui lui feront choisir les uns et rejeter les autres, nuances qu'il comprend par intuition plutôt qu'il ne peut les définir. Il en est de même à l'égard des médiums : à qualités égales dans la puissance médianimique, l'Esprit donnera la préférence à l'un ou à l'autre, selon le genre de communication qu'il veut faire. Ainsi, par exemple, on voit des personnes écrire, comme médiums, d'admirables poésies, quoique, dans les conditions ordinaires, elles n'aient jamais pu ou su faire deux vers ; d'autres, au contraire, qui sont poètes, et qui, comme médiums, n'ont jamais pu écrire que de la prose, malgré leur désir. Il en est de même du dessin, de la musique, etc.. Il y en a qui, sans avoir par eux-mêmes des connaissances scientifiques, ont une aptitude plus particulière pour recevoir des communications savantes ; d'autres sont pour les études historiques ; d'autres servent plus aisément d'interprètes aux Esprits moralistes ; en un mot, quelle que soit la flexibilité du médium, les communications qu'il reçoit avec le plus de facilité ont généralement un cachet spécial ; il en est même qui ne sortent pas d'un certain cercle d'idées, et quand ils s'en écartent, ils n'ont que des communications incomplètes, laconiques et souvent fausses. En dehors des causes d'aptitude, les Esprits se communiquent encore plus ou moins volontiers par tel ou tel intermédiaire, selon leurs sympathies ; ainsi, toutes choses égales d'ailleurs, le même Esprit sera beaucoup plus explicite avec certains médiums, uniquement parce qu'ils lui conviennent mieux.
On serait donc dans l'erreur si, par cela seul qu'on a sous la main un bon médium, eût-il même l'écriture la plus facile, on pensait obtenir par lui de bonnes communications en tous genres. La première condition est, sans contredit, de s'assurer de la source d'où elles émanent, c'est-à-dire des qualités de l'Esprit qui les transmet ; mais il n'est pas moins nécessaire d'avoir égard aux qualités de l'instrument que l'on donne à l'Esprit ; il faut donc étudier la nature du médium comme on étudie la nature de l'Esprit, car ce sont là les deux éléments essentiels pour obtenir un résultat satisfaisant. Il en est un troisième qui joue un rôle également important, c'est l'intention, la pensée intime, le sentiment plus ou moins louable de celui qui interroge ; et cela se conçoit : Pour qu'une communication soit bonne, il faut qu'elle émane d'un Esprit bon ; pour que ce bon Esprit PUISSE la transmettre, il lui faut un bon instrument ; pour qu'il VEUILLE la transmettre, il faut que le but lui convienne. L'Esprit, qui lit dans la pensée, juge si la question qu'on lui propose mérite une réponse sérieuse, et si la personne qui la lui adresse est digne de la recevoir ; dans le cas contraire, il ne perd pas son temps à semer de bons grains sur des pierres, et c'est alors que les Esprits légers et moqueurs se donnent carrière, parce que, s'inquiétant peu de la vérité, ils n'y regardent pas de si près, et sont généralement assez peu scrupuleux sur le but et sur les moyens.
Nous résumons ici les principaux genres de médiumnité afin d'en présenter, en quelque sorte, le tableau synoptique, comprenant ceux que nous avons déjà décrits dans les chapitres précédents, en indiquant les numéros où il en est question avec plus de détails.
Nous avons groupé les différentes variétés de médiums par analogie de causes et d'effets, sans que cette classification ait rien d'absolu. Quelques-unes se rencontrent fréquemment ; d'autres, au contraire, sont rares et même exceptionnelles, ce que nous avons soin de mentionner. Ces dernières indications ont toutes été fournies par les Esprits qui, du reste, ont revu ce tableau avec un soin tout particulier et l'ont complété par de nombreuses observations et de nouvelles catégories, de telle sorte qu'il est, pour ainsi dire, entièrement leur ouvrage. Nous avons indiqué par des guillemets leurs observations textuelles lorsque nous avons cru devoir les faire ressortir. Elles sont pour la plupart d'Eraste et de Socrate.